Pour oser se faire chimiste, à une époque où on ignorait certaines propriétés explosives ou toxiques des matières manipulées, il fallait avoir le goût du risque, voire se montrer téméraire, intellectuellement et physiquement audacieux. Les risques ont été pour la plupart maîtrisés, l’audace demeure.Autour de chaque savant chimiste, il s’est constitué souvent une légende qui contient des faits exacts noyés parfois dans un amas de fausses anecdotes. L’histoire nous montre qu’ils étaient des hommes de chair qui pensaient et raisonnaient comme nous. Beaucoup ont été des humanistes qui ont inspiré la littérature, qui prenaient le temps de contempler des œuvres d’art et d’aimer la musique, des chimistes passionnés par leur travail de chimistes.À cet égard rien n’est précieux comme les correspondances qu’ils échangeaient et que nous tâcherons autant que possible de rendre accessibles. Certains se sont affrontés comme nos gloires sportives sur des questions de priorité et de notoriété, voire de propriété nationale. Ces épisodes méritent d’être médités.
L'histoire des intoxications par le phosphore est dominée par la singularité que représentent ses deux formes allotropiques, la rouge atoxique et la blanche, aux effets nécrosants redoutables. Bien que le phosphore ait été découvert en 1669, c'est surtout durant la première moitié du XIXe siècle, par son usage dans la fabrication des allumettes françaises, que l'on observera des empoisonnements par ce produit (non-métal), le plus souvent accidentels mais aussi criminels. De nombreux et intéressants récits d'intoxications par le phosphore ont été décrits par A. Tardieu and F. Z. Roussin dans leur ouvrage (« Étude médico-légale et clinique de l'empoisonnement »), publié en 1867. Durant cette période, plusieurs pharmaciens s'illustrèrent brillamment dans la toxicologie analytique du phosphore.
Ressource proposée par BB *
Source : Revue d’histoire de la pharmacie, 85e année, n° 316 (1997) pp. 385-394
En 1774, Scheele (1742-1786) obtenait l’acide marin déphlogistiqué (le chlore) en traitant l’oxyde de manganèse par l’acide marin (acide muriatique, aujourd’hui chlorhydrique), il le considère comme un acide. Onze ans plus tard Berthollet constate que le chlore se combine bien avec les alkalis, mais sans effervescence. De plus il ne renferme pas d’oxygène et à cette époque on pensait que tous les acides en renfermaient. D’où une série de questionnements. Mais il possédait la propriété de blanchir les toiles, ce qui amorçait l’industrie du blanchiment chimique. C’est Curaudau qui en 1810 a montré que le gaz dichlore ne renfermait pas d’oxygène et en a établi les propriétés. Davy a confirmé ces résultats huit mois plus tard et a donné à ce gaz le nom « chlore » à cause de sa couleur.
Ressource proposée par BB *
Source : Revue d’histoire de la pharmacie, 43e année, n° 145 (1955) pp. 80-83
Les chimistes suédois de la première moitié du XVIIIe siècle s’intéressaient particulièrement aux recherches et applications minières. Scheele (1742-1786) se prit très jeune d’une passion pour la chimie et en particulier pour les expériences chimiques, sources de la connaissance. Il découvrit ainsi plusieurs éléments. Il observa que l’air était constitué essentiellement d’un mélange de deux gaz, dont l’un permettait la combustion (« air de combustion », notre oxygène) et l’autre pas, « l’air vicié » (notre azote).
Ressource proposée par BB *
Source : Revue d’histoire de la pharmacie, 84e année, n° 312 (1996) pp. 423-425
L’apport scientifique de Scheele (1742-1786) ne peut pas être réduit à la seule découverte du chlore. La vie de ce pharmacien désargenté, homme de science fécond, a été faite d'un certain nombre de rencontres : avec la pharmacie, avec la chimie, avec de prestigieux savants, avec le chlore, avec l'oxygène (incognito), avec la chimie organique, etc. Ce chimiste pauvre, travaillant avec un matériel rudimentaire a, bien sûr, découvert le chlore, mais il a également découvert l'oxygène, même si, dans ce cas, il n'a pas publié ses résultats à temps. C'est avant même l'essor de la chimie organique qu'il a identifié de nombreux acides organiques et même le glycérol.
Ressource proposée par BB *
Source : Revue d’histoire de la pharmacie, 94e année, n° 356 (2007) pp. 467-472
Pierre Julien, présente et résume en trois pages l’ouvrage de Léon Velluz sur Marcelin Berthelot publié chez Plon en 1954 et comportant 255 pages. Il passe en revue la biographie de Berthelot, depuis sa jeunesse et ses études, retrace sa carrière et son apport comme scientifique, historien de l’alchimie et aussi comme homme politique.
Ressource proposée par BB *
Source : Revue d’histoire de la pharmacie, 54e année, n° 188 (1966) pp. 69-72
L'auteur révèle les liens que Berthelot (1827-1907) n'a jamais cessé d'entretenir avec la pharmacie dans tous ses aspects : la recherche, l'enseignement, la fabrication et le commerce de détail. Entré au laboratoire privé du pharmacien Pelouze, dont il devient le préparateur, Berthelot commence ses études en médecine, mais il les abandonnera après la huitième inscription pour achever sa licence es sciences. En 1851, il quitte Pelouze pour devenir préparateur du pharmacien Balard, dans le laboratoire duquel il passe huit ans. Reçu docteur es sciences en 1854 il décide alors de faire des études en pharmacie. Il accomplit sa scolarité en quatre ans, puis nommé à l'École de Pharmacie, il crée son premier laboratoire personnel, où il réalise en1862 l'expérience célèbre de l'obtention de l'acétylène à partir du carbone et de l'hydrogène sous l'influence de l'arc électrique. Puis il conçoit son ouvrage, « La chimie organique fondée sur la synthèse » qu’il s’emploie à faire valoir. En 1863, Berthelot est chargé de cours au Collège de France et dès lors, son enseignement est partagé entre le Collège de France et l'École de Pharmacie. La vie et l’œuvre de ses principaux collaborateurs sont brièvement évoquées.
Ressource proposée par BB *
Source : Revue d'histoire de la pharmacie, 80e année, n° 292 (1992) pp. 7-13
Marcel Delépine qui avait été le préparateur de Berthelot (1827-1907) jusqu’en 1902, et qui avait continué à fréquenter son laboratoire du Collège de France, rapporte des souvenirs de la période de 1860 à 1863 durant laquelle Berthelot eut quelque attache avec l'industrie, à l'usine Menier de Noisiel, connue pour sa production de chocolat. Berthelot avait fait connaître en décembre 1854 son mode de préparation synthétique de l’éthanol à partir d’éthylène (qu’il nommait hydrogène bicarboné). Ce gaz agité avec de l'acide sulfurique et du mercure, a donné de l’acide éthylsulfurique, dont l'hydrolyse a fourni de l'alcool. L'auteur de l'article ajoute : « Jusqu'ici, M. Berthelot n'a point cherché à tirer un parti industriel de cette expérience si curieuse ; il s'est contenté de faire figurer à l'Exposition universelle de Londres, dans la vitrine de la maison Menier dont il est le chimiste-consultant, un litre de cet alcool, produit de toutes pièces. »
Ressource proposée par BB *
Source : Revue d'histoire de la pharmacie, 43e année, n° 144 (1955) pp. 1-8
Après un rappel sur les trois chimistes (Fourcroy, Berthollet, Guyton de Morveau) qui figurent parmi les fondateurs de l’École polytechnique, l’auteur expose brièvement l’apport scientifique de Guyton de Morveau, en particulier pour fixer la nomenclature chimique, puis son rôle politique comme conventionnel et régicide, son action comme enseignant et son dévouement pour l’École polytechnique. Il renvoie à la biographie détaillée de Georges Bouchard, Guyton-Morveau, chimiste et conventionnel (1737-1816) (1938).
Ressource proposée par BB *
Source : Guyton de Morveau, Bulletin de la SABIX n° 23 (2000) pp. 68-73
Biographie détaillée de Berthollet plus attachée à la description de la vie du chimiste qu’à son œuvre. A l’occasion de la commémoration du 250e anniversaire de la naissance de Claude-Louis Berthollet, un colloque à la mémoire du savant savoyard a été organisé à la Maison de la Chimie le 24 octobre 1998.
Ressource proposée par BB *
Source : Bulletin de la SABIX n° 24 (2000)
Ce savoyard d’Annecy étudie la médecine à Turin avant de venir à Paris en 1772 où il commence des recherches en chimie sur les gaz. Il devient directeur de l’Atelier des teintures à la Manufacture Royale des Gobelins où il découvre le blanchiment par le chlore. Il contribue à la Méthode de Nomenclature chimique, à la fondation des Annales de Chimie en 1789 et publie de nombreux mémoires de chimie. En 1791 il fait paraître un important traité de chimie industrielle, les Eléments sur l’art de la teinture. Après 1793 il se joint à l’équipe de savants mobilisés par Prieur pour travailler à la raffinerie de salpêtre. En 1795, Berthollet enseigne la chimie à l’École normale et à l’École centrale des Travaux publics. Puis il participe à l’expédition d’Égypte où il fait une observation fondamentale, qui déterminera sa théorie chimique (équilibre chimique), dans les eaux saumâtres du lac de Natron, d’où l’on extrayait le carbonate de sodium. Par la suite, malgré ses grandes intuitions il fait de fâcheuses erreurs d’appréciation en contestant des lois de Proust et de Gay-Lussac au début du XIXe siècle.
Ressource proposée par BB *
Source : Berthollet, Bulletin de la SABIX n° 23 (2000) pp. 62-67