La France connaît une situation de crise dans l’approvisionnement en eau notamment depuis 2022. Les consommateurs et les industriels doivent donc miser sur la sobriété. Les entreprises industrielles dépendent de l’eau pour fonctionner et se développer : les problématiques liées à la qualité de l’eau représentent un risque croissant pour les exploitations. Le secteur agroalimentaire, dépendant de ressources en eau, se mobilise pour une évolution du cadre règlementaire s’agissant de la réutilisation des eaux non conventionnelles. L’approche est de réduire, réutiliser et recycler avec un objectif de 100% de réduction de la consommation
Le plan Eau permet la levée des barrières règlementaires avec la parution des décrets et arrêtés. Différents types d’eau sont rencontrées dans l’industrie agro-alimentaire. Le REUSE/REUT permet selon ces types d’eau une réutilisation des eaux issues des matières premières, des processus recyclées, des eaux usées traitées recyclées. La réutilisation d’autres types d’eau spécifique reste interdite.
Il existe aussi des freins économiques : le coût de l’eau est minimum pour un industriel mais l’eau recyclée est rarement compétitive. Des politiques publiques devraient être mises en place pour inciter les entreprises à investir dans des solutions innovantes de meilleure gestion de l’eau.
Références :
- Décret du 29 août 2023 - les usages et conditions d’utilisation des eaux pluviales et des eaux usées traitées.
- Décret du 24 janvier 2024 – cadre général de la production et de l’utilisation des eaux réutilisées pour la préparation de denrées alimentaires.
- Décret du 8 juillet 2024 autorisant l’utilisation de certaines eaux recyclées comme ingrédient entrant dans la composition des denrées alimentaires finales.
- Arrêté du 8 juillet 2024 mettant en oeuvre les décrets du 24 janvier 2024 et 8 juillet 2024.
Jérôme MONTAGNIER | Directeur Général de DR. KUEKE France
Source : Colloque Chimie et Eau, Fondation de la Maison de la Chimie, 6 novembre 2024
Dans un contexte de changement climatique et de bouleversement du cycle de l'eau, divers impacts sur les services d'eau et d'assainissement sont attendus, notamment des tensions sur les ressources en eau. Des adaptations vont ainsi être nécessaires : sobriété des usages, recours à de nouvelles ressources dites non conventionnelles (eaux de pluie, eaux usées traitées, …).
Le « plan eau » adopté par le gouvernement au printemps 2023 annonce ainsi 53 mesures pour l’eau. Parmi ces mesures, une vise à favoriser le recours aux eaux non conventionnelles avec un objectif de 1 000 projets à horizon 2027.
Jusqu’à présent, la réutilisation des eaux usées traitées restait peu développée en France comparée à d’autres pays européens (Espagne, Italie, …) : elle représente en effet moins de quelques pourcents des eaux usées traitées produites. Divers freins existaient tels que relevés par l’ASTEE : freins d’ordre réglementaire, économique, acceptabilité...
Suite au plan eau, plusieurs grands chantiers réglementaires apportent à présent plus de souplesse. L’usage des eaux usées traitées peut être envisagé après une démarche d’autorisation préalable, pour de l’irrigation agricole, l’arrosage d’espaces verts, des usages urbains, … sous réserve de respecter certaines prescriptions en matière de seuils de qualité (pour les microorganismes notamment), conditions d’usage, …
Aussi, des solutions techniques se développent pour mieux traiter les eaux usées et notamment les désinfecter (UV, ultrafiltration, …) et atteindre les qualités d’eau requises. Cela permet ainsi de faire des eaux usées une nouvelle ressource pour divers usages.
Pour illustrer ce qui peut être fait, divers REX (Retours d'Expériences) seront présentés (Sainte-Maxime (arrosage espaces verts et golfs), Romans sur Isère (usages internes sur la station d’épuration), …).
Références :
- Plan eau, 2023, Dossiers de presse. Disponible en ligne
- ASTEE, 2023, Favoriser le recours aux eaux non conventionnelles, synthèse des travaux, 5 Tomes. Disponible en ligne
Stanislas POURADIER DUTEIL | Directeur Technique - Direction des Opérations, Veolia Eau France
Source : Colloque Chimie et Eau, Fondation de la Maison de la Chimie, 6 novembre 2024
La réduction des prélèvements d’eaux en milieu industriel peut s’avérer très complexe surtout dans un contexte avec des installations interconnectés et anciennes dont la conception n’a pas été prévue pour optimiser les flux d’eau.
L’efficacité hydrique nécessite donc une stratégie globale, systémique et intégrée qui peut se comparer aux méthodes utilisées pour améliorer l’efficacité énergétique.
Il est important de noter que quantité et qualité de l’eau sont indissociables pour étudier et engager des actions d’améliorations.
La première phase consiste souvent à acquérir ou améliorer la compréhension des flux physiques et le processus de gestion de l’eau. Cet état des lieux, qui doit aboutir sur un schéma procédé global, est primordial pour combiner les actions suivantes :
- Contrôle de l’intégrité du réseau interne de distribution soit par des moyens spécifiques (recherche de fuites) soit en réalisant la balance comptable entrées/sorties ;
- Vérification que l’ensemble des flux utilisés sont mesurés avec la précision requise et avec des instruments adaptés et fiables ;
- Amélioration de la performance des installations de traitement, distribution et utilisations de l’eau ;
- Évolution des utilisations de l’eau par des procédés plus sobres ou en modifiant des installations ;
- Amélioration du pilotage des équipements de production (régulations sur les échangeurs, réduction de la quantité d’eau lors des phases transitoires, …) ;
- Réorganisation et valorisation des effluents (tri des effluents, réutilisation d’effluents sans traitement, …) ;
- Valorisation éventuelle des eaux pluviales (réutilisation pour certaines opérations de lavage, …) ;
- Réflexion sur les différentes opérations utilisant de l’eau afin d’apporter des modifications de pratiques opératoires (limitation des quantités d’eau lors des opérations de lavage, …) ;
- Sensibilisation et formation des exploitants et de tous les acteurs ayant un impact sur les quantités d’eau utilisées.
La stratégie doit également comporter un volet sur les impacts indirects de la réduction des prélèvements d’eau (concentration des effluents, conformité réglementaire, …).
Enfin, la réussite nécessite impérativement l’implication de l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise.
Source : Colloque Chimie et Eau, Fondation de la Maison de la Chimie, 6 novembre 2024
Rappel du volume total prélevé par la Chimie : 1,3 milliard m3/an (chiffres 2021) avec les répartitions suivantes :
- Eaux de surface 650 Mm3
- Eaux souterraines 300 Mm3
- Eaux de mer 325 Mm3
- Eau de distribution 50 Mm3
Donner les principales utilisations de l’eau dans notre secteur : essentiellement pour le refroidissement des installations et des masses réactionnelles et le lavage des unités. À un degré moindre pour produire de la vapeur et comme matière première dans nos procédés.
Expliquer que la Chimie a déjà réduit de 30% ses prélèvements entre 2000 et 2020 mais que cela n’est pas suffisant. Expliciter les raisons qui font que c’est un sujet majeur pour nous (impact des aléas climatiques sur nos activités, engagement de la chimie dans le développement durable et la RSE, impact économique, …).
Expliquer la stratégie d’efficacité hydrique et le plan d’actions associé que France Chimie a construit depuis 2022 à destination de ses adhérents :
- Établissement d’une grille d’autoévaluation avec une centaine de questions pour que chaque site puisse identifier là où il doit axer son plan d’actions,
- Élaboration d’un Guide pratique de l’eau rappelant les nouveaux enjeux de l’eau mais regroupant également une vingtaine de fiches thématiques (quelques exemples concrets seront donnés en séance) pour aider chaque site en fonction des actions qu’il compte lancer et quelques retours d’expérience
- Support initial aux 22 sites de la chimie du Top 50 des plus gros préleveurs industriels français pour établir leur feuille de route pour atteindre l’objectif que le gouvernement leur a fixé de réduction d’au moins 10% des prélèvements d’ici 2030.
- Renfort de l’équipe dès mi-2023 pour accentuer la dynamique au-delà des 22 plus gros préleveurs et embarquer dans ce projet de plus petites entreprises
- Établissement d’un Plan de Sobriété Hydrique pour la filière Chimie et Matériaux
Source : Colloque Chimie et Eau, Fondation de la Maison de la Chimie, 6 novembre 2024
Dans cet exposé, nous parlerons de la partie continentale du cycle de l’eau et de l’évolution récente et future de la ressource mondiale en eau. Ce cycle est un processus concomitant sans début ni fin qui lie les mécanismes régissant le stockage et les transferts d’eau entre les océans, l’atmosphère et les surfaces continentales. Le changement climatique engendre une accélération de ce cycle directement liée à l'augmentation de la température moyenne de la Terre. À l’échelle mondiale, cette accélération se traduit par une modification des précipitations et de l’évapotranspiration, ce qui pourrait creuser d’ici la fin du siècle les inégalités d’accès à la ressource en eau entre différentes régions du monde. Les modèles climatiques prévoient une augmentation des précipitations dans certaines régions et une diminution dans d'autres, avec des conséquences variées sur les ressources en eau (1,2). Les régions arides pourraient devenir encore plus sèches, et inversement pour les régions humides.
Cependant, le changement climatique n’est pas le seul élément perturbateur de ce cycle continental de l’eau. L'être humain, comme tout être vivant, a besoin d'eau pour vivre. Contrairement aux autres animaux, il ne s'en sert pas uniquement pour s'hydrater, mais également pour s'alimenter (agriculture), créer de l'énergie, faire tourner des industries, éteindre des incendies, laver des voitures, etc. Elle peut même avoir des usages récréatifs (jeux d'eau, golfs, piscines...) ou répressifs (canons à eau lors de manifestations). Toutes ces utilisations, plus ou moins indispensables, représentent une quantité phénoménale d'eau que les humains puisent dans les réserves hydrologiques. La plus grosse partie de ces réserves en eau douce, environ 70%, n'est pas exploitable car elle est gelée dans les glaciers continentaux et les calottes polaires groenlandaises et antarctiques. Près de 29% est profondément enfouie dans les aquifères, ces formations géologiques du sous-sol constituées par des roches poreuses ou fracturées contenant les eaux souterraines. Seulement 1% est stockée dans les eaux de surface, c’est à dire les lacs, les barrages, les rivières, les marais et les sols superficiels (3).
On estime que 70% de l'eau douce prélevée dans ces réservoirs (surfaces et aquifères) est dédiée à l'agriculture, majoritairement pour l'irrigation. L'industrie utilise 20% de cette eau et les 10% restants servent à notre usage domestique (4). Ces prélèvements en eau ont un impact sur la partie continentale du cycle hydrologique, modifiant les stocks et les flux. Nous montrerons dans cette conférence que dans certaines régions du monde, ces prélèvements en eau, essentiellement liés à l’irrigation, induisent une dette hydrique mondiale qui devrait continuer inexorablement à croître jusqu’à la fin du siècle (2). La combinaison des impacts du changement climatique et des prélèvements anthropiques pourrait donc menacer la durabilité de la ressource en eau dans plusieurs régions du monde.
Références :
- Costantini M, Colin J, Decharme B. Projected Climate-Driven Changes of Water Table Depth in the World’s Major Groundwater Basins. Earth’s Futur [Internet]. 2023 Mar 1 [cited 2023 Nov 8];11(3):e2022EF003068. Available from: https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1029/2022EF003068
- Costantini M. Étude de l’évolution de la ressource mondiale en eau dans un contexte de changement climatique [Internet]. [Toulouse]: Université Toulouse 3 Paul Sabatier; 2023 [cited 2024 Jul 3]. Available from: http://thesesups.ups-tlse.fr/5999/1/2023TOU30356.pdf
- Hornberger GM, Raffensperger JP, Wiberg PL, Eshleman KN. Elements of physical hydrology. Baltimore and London, 302 pp.: Johns Hopkins University Press; 1998. 302 p.
- Siebert S, Burke J, Faures JM, Frenken K, Hoogeveen J, Döll P, et al. Groundwater use for irrigation - A global inventory. Hydrol Earth Syst Sci. 2010;14(10):1863–80.
Source : Colloque Chimie et Eau, Fondation de la Maison de la Chimie, 6 novembre 2024
Sans eau, aucune vie et activité humaine possible, on l’oublie souvent. Bien qu'encore sous-estimé, l'accès à l'eau douce a toujours été un enjeu stratégique pour les sociétés humaines et les nations, et ce depuis l'Antiquité. Mais la répartition des ressources en eau sur la planète, par ailleurs non extensibles, est très inégalitaire, de même que l’accès à l’eau potable et l’assainissement des eaux usées. Pour ces raisons, l'eau constitue aujourd'hui un objectif essentiel (le 6ème) au sein des 17 Objectifs de Développement Durable de l'Agenda 2030, adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2015.
À l'ère moderne, les ressources en eau et les infrastructures dédiées à leur acheminement, à leur potabilisation et à leur assainissement, vitales pour les populations, sont devenues progressivement des cibles et même des armes de destruction, lors de conflits armés qui touchent gravement les sociétés civiles, comme on le voit actuellement en Ukraine ou au Proche Orient, contrairement aux conventions internationales sur le droit de la guerre.
Le réchauffement climatique aggrave encore les tensions liées à l'eau, dans les régions du monde les plus touchées par des sécheresses ou des inondations à des niveaux jamais atteints, devenues parfois inhabitables, alors que la demande en eau explose avec la pression démographique et des modèles économiques extrêmement consommateurs.
L'eau devient ainsi un enjeu crucial de sécurité collective, dans tous les sens du terme, qui nécessite de nouvelles stratégies de coopération et de dialogue transversal à tous les niveaux, et une hydrodiplomatie renforcée.
Références :
- Rapport annuel des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, L'eau pour la prospérité et la paix, mars 2024 (accessible gratuitement en ligne)
- Franck Galland, Guerre et eau, L'eau, enjeu stratégique des conflits modernes, Ed. Robert Laffont, 2021
Source : Colloque Chimie et Eau, Fondation de la Maison de la Chimie, 6 novembre 2024
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Diffusion en direct du Colloque Chimie et Eau 6/11/2024
Rubrique(s) : Événements

Vous qui n’avez pas la possibilité de venir à la Fondation de la Maison de la Chimie le 6 novembre 2024, vous pouvez assister en direct au Colloque Chimie et Eau
sur Mediachimie ou sur Youtube
La captation des conférences sera par la suite disponible en ligne et leur mise à disposition sera indiquée sur la page d'accueil de Mediachimie.
Vous pouvez aussi tester vos connaissances sur le sujet avec ce quiz.
À travers l’utilisation de documents de nature diverse, issus du site Mediachimie, le lecteur prendra conscience, si ce n’est pas déjà le cas, de la richesse de ce site et pourra poursuivre sa quête d’informations.
Programmes spécifiques de physique-chimie pour les classes de première et de terminale Bac professionnel propres au groupement de Spécialités 5.
Le Groupement 5 rassemble les spécialités de baccalauréats professionnels mobilisant des compétences professionnelles qui nécessitent de solides connaissances dans le domaine de la chimie. Il réunit les spécialités de secteurs professionnels variés : l’industrie chimique, la bio-industrie, la cosmétologie, la teinturerie, les textiles, la plasturgie, l’esthétique, la gestion des pollutions et la protection de l’environnement, la verrerie, les plastique et composite…
Partie orientation proposée et rédigée par Françoise Brénon et Gérard Roussel (Maison de la Chimie)
Source : Dossier réalisé par les Éditions Nathan en partenariat avec La Fondation de la Maison de la Chimie et Mediachimie
Découvrez le métier de Local Sales Manager, responsable de ventes France dans le domaine des médicaments chez BASF, avec François-Xavier Simon, docteur en chimie de formation, qui précise à la fois ses responsabilités managériales et scientifiques.
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Céline, technicienne chimiste en contrôle qualité chez Croda (entreprise cosmétique), nous parle de sa formation principalement en alternance et de ses responsabilités au sein de l’entreprise.
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