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Il y a cent ans : la guerre chimique

L’histoire fixe au 22 avril 1915 la première attaque chimique de grande ampleur. Les allemands utilisèrent dans la région de Ypres en Belgique 150 tonnes de chlore (1) à partir de plus de 5000 cylindres – réservoirs
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L’histoire fixe au 22 avril 1915 la première attaque chimique de grande ampleur. Les allemands utilisèrent dans la région de Ypres en Belgique 150 tonnes de chlore (1) à partir de plus de 5000 cylindres – réservoirs ouverts sur un front de 6 kilomètres. Le vent poussa ces nappes verdâtres de Cl2 vers les tranchées françaises tenues par des martiniquais qui furent pris de panique devant ce gaz mortel et laissèrent une brèche de plusieurs kilomètres, qui ne fut cependant pas exploité sur l’instant, le nuage vert stagnant, le vent s’étant calmé.

C’est Fritz Haber (2), chimiste allemand célèbre pour ses travaux sur l’ammoniac, qui proposa d’utiliser les surplus de chlore des usines chimiques allemandes. Les troupes ouvrent des réservoirs cylindriques pressurisés placés dans les tranchées et suivant un vent favorable, on laisse le nuage se propager vers les lignes ennemies. Les réactions des alliés furent de deux types :

  1. Protéger les troupes ; le chimiste André Kling du laboratoire municipal de Paris préconisa des tampons de coton imbibés d’une solution glycérinée de carbonate de sodium puis de ricinate de sodium capables de fixer le chlore ;
  2. Se doter de plusieurs usines électrochimiques d’électrolyse du chlorure de sodium dans le sud de la France qui disposaient du sel marin de Méditerranée et de l’électricité des Alpes pour s’approvisionner en chlore.

 

En fait les troupes françaises disposaient déjà dès 1914 de cartouches et de grenades lacrymogènes à base de bromacétone ou suffocantes avec du bromacétate d’éthyle. Mais ce début de guerre chimique (3) allait paraître anodin en fonction des autres gaz qui allaient être mis en œuvre. Ce fut d’abord le phosgène (CCl2O) utilisé par les français dès 1916, puis le plus célèbre : l’ypérite ou « gaz moutarde » employé par les allemands contre les britanniques à nouveau près de Ypres et qui fut produit en grande quantité en 1918 par les alliés (4). Les soins appropriés pour soigner les soldats gazés furent souvent assez dérisoires (5). On estime que les gaz toxiques entrainèrent 90 000 morts et plus de 1 250 000 gazés qui en gardèrent des séquelles plus ou moins handicapantes.

Dès 1925, la plupart des nations signent une convention d’interdiction des armes chimiques, mais cela n’a pas empêché la constitution de stocks de gaz innervants encore plus mortels que ceux de 1914-1918 (6) qui sont actuellement en cours de destruction grâce à l’action de l’OIAC (Organisation de l’Interdiction des Armes Chimiques).

Jean-Claude Bernier
avril 2015

Quelques ressources pour en savoir plus :

1) Chlore et dichlore (produits du jour de la SCF)
2) Fritz Haber (1868-1934), chimiste de l’ammoniac et des gaz de combat
3) 1914–1918 : la guerre des gaz
4) 1914–1918 : la guerre chimique
5) Les pharmaciens et la guerre chimique
6) Déjouer le terrorisme chimique : l’apport des nanotechnologies et des détecteurs de gaz toxiques

Pour des informations sur la grande guerre, le site de la Mission du Centenaire est à votre disposition :
Site centenaire.org
Le gaz moutarde (sur le site centenaire.org)

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Livre blanc 2015 : Former des ingénieurs chimistes et en génie des procédés pour la société de demain

La Fédération Gay-Lussac publie son Livre Blanc 2015. Coordonné par Daniel Guillon, ancien directeur de l’ECPM, Jacques Bousquet, délégué général de la Fédération Gay-Lussac (FGL) et Jacques Mercadier, président sortant
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La Fédération Gay-Lussac publie son Livre Blanc 2015.

Coordonné par Daniel Guillon, ancien directeur de l’ECPM, Jacques Bousquet, délégué général de la Fédération Gay-Lussac (FGL) et Jacques Mercadier, président sortant de la fédération Gay-Lussac, le Livre Blanc peut être consulté ici (format PDF).

Document d’une cinquantaine de pages, il explicite comment les écoles de la FGL forment les ingénieurs chimistes pour la société de demain en passant en revue toutes les facettes de l’enseignement des 20 écoles de la fédération et dresse le portrait de l’ingénieur chimiste qu’elles diplôment, un cadre de haut niveau avec de vastes connaissances scientifiques et techniques, de fortes compétences managériales et entrepreneuriales et une véritable ouverture sur le monde.
 

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Solar Impulse 2 et la chimie

Trois semaines après son départ, l’avion solaire Solar Impulse vient de se poser en Chine. Il a déjà parcouru le tiers de son périple autour du monde de 35 000 km sans aucune goutte de carburant. Depuis le 30 mars sa
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Trois semaines après son départ, l’avion solaire Solar Impulse vient de se poser en Chine. Il a déjà parcouru le tiers de son périple autour du monde de 35 000 km sans aucune goutte de carburant. Depuis le 30 mars sa maquette géante est exposée à Paris à la Cité des Sciences.

Solar impulse est propulsé par quatre moteurs électriques alimentés par des batteries stockant l’énergie électrique fournie par 17 000 cellules solaires (1). Pour les deux ingénieurs suisses initiateurs du projet et les industriels de la chimie qui s’y sont investis, c’est l’aboutissement de treize années de recherche (2). Les cellules photovoltaïques (3) devaient être légères avec un profil aérodynamique, Solvay a remplacé le verre par un plastique fluoré (4). Pour la protection de l’eau et des salissures c’est un film d’Halon un copolymère (5) qui a été retenu. De même pour les batteries ion–lithium (6), le liant pour les électrodes PVDF et l’additif dans l’électrolyte (7) améliorent la circulation des ions et la densité énergétique des batteries, innovations qui se retrouveront dans nos smartphones (8). La structure légère de l’avion est à base de fibres de carbone (9) et, pour l’isolation du cockpit, Bayer a développé des mousses de polyuréthane renforcées de fibres de carbone qui auront d’intéressantes retombées en automobile (10). Les ailes de 72 mètres d’envergure, presque aussi longues que celles d’un Airbus A 380 sont résistantes et légères avec une structure composée de papier laminé entre deux nappes de fibres de carbone et rendue rigide par un polyamide spécial (11) le Torlon PAI.

L’avion ne pèse que le poids d’un gros 4x4, car pour un tel enjeu, le poids voilà l’ennemi. Solar Impulse est un laboratoire d’innovation pour la chimie et les matériaux, c’est aussi un formidable démonstrateur pour les technologies du développement durable. Après son escale en Chine, souhaitons-lui bon vent et allez voir son double à la Cité des Sciences, vous serez épatés.

Jean-Claude Bernier
avril 2015

Quelques ressources pour en savoir plus :

1) La conversion photovoltaïque de l’énergie solaire
2) Ingénieur de recherche (vidéo 6:43)
3) Un exemple d’énergie renouvelable : panneaux solaires photovoltaïques
4) Les élastomères thermoplastiques (ETP) fluorés : synthèse, propriétés et applications
5) Les cellules et système de l’avion solaire, Chemical World Tour Saison 4 (Fleur et Pierre, vidéo 7:52)
6) Matériaux pour conversion et stockage de l’énergie : avancées et challenges
7) Les nouvelles batteries au lithium, Chemical World Tour Saison 4 (Anna et Axel, vidéo 8:39)
8) Les multiples contributions de la chimie dans la conception des tablettes et des smartphones
9) Les composites carbone/carbone
10) Les matériaux poreux pour améliorer les transports
11) La grande aventure des polyamides

Solar Impulse SI2 pilote Bertrand Piccard Payerne November 2014.jpg
"Solar Impulse SI2 pilote Bertrand Piccard Payerne November 2014" by Milko Vuille - Own work.
Licensed under CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.

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Destruction d’œuvres d’art à Mossoul

Les djihadistes de Daech ont détruit d'importantes collections d'art pré-islamique conservées à Mossoul, ville d'Irak. Des statues et objets des périodes assyriennes datant de plusieurs siècles avant notre ère, ainsi que
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Les djihadistes de Daech ont détruit d'importantes collections d'art pré-islamique conservées à Mossoul, ville d'Irak. Des statues et objets des périodes assyriennes datant de plusieurs siècles avant notre ère, ainsi que le célèbre taureau ailé de la porte de Negal, ont été anéantis. Quelques semaines après avoir brûlé plus de 8000 livres et documents rares de la bibliothèque, Daech poursuit son nettoyage culturel après le nettoyage ethnique et religieux encore plus grave. Le patrimoine c'est la mémoire de l'humanité ; les sculptures, les livres, les bâtiments, les peintures, les vitraux sont le témoignage de l'art et de l'histoire des civilisations. Hélas, sans compter ces déprédations, le climat, la pluie, le vent, altèrent ces témoignages et c'est encore la chimie qui permet de comprendre, d'analyser et de réparer leurs dégradations.

C'est d'abord la chimie analytique qui mène l'enquête et donne son verdict (1). Prennent le relais des instruments de physique tels que le rayonnement synchrotron (2) et le mini accélérateur « Aglaé » dans les propres locaux du musée du Louvre (3) qui analysent et recomposent la structure des surfaces des statues ou la composition de la peinture d'origine d'un tableau du 18e siècle. C'est ensuite la collaboration entre chimistes (4) et spécialistes de l'art qui permet de comprendre les traditions des anciennes générations par une approche à la fois ethnologique et physico-chimique (5). C'est ainsi qu'en collaborant avec des historiens on retrouve l'aspect original des bronzes antiques (6), on peut aussi comprendre et analyser le savoir-faire des verriers de l'Antiquité (7). Au-delà de la sauvegarde de l'héritage du passé on peut aussi par l'analyse des fards retrouvés lors des fouilles égyptiennes savoir comment on vivait et se maquillait plus de 2000 ans avant nous (8).

Oui, la chimie peut nous replonger dans un passé qui revit alors avec ses traditions, mais elle est aussi essentielle pour la connaissance et la restauration du patrimoine.

Jean-Claude Bernier
mars 2015

Quelques ressources pour en savoir plus :

1) Chimie analytique, art et patrimoine, vers une vision commune
2) Matériaux du patrimoine et altération. Analyse par rayonnement synchrotron
3) Aglaé, ou la Beauté vue par la Science
4) Responsable de laboratoire d’analyses / contrôle qualité (H/F) (fiche métier)
5) Khôl toujours (vidéo, 6:39)
6) Couleurs originelles des bronzes grecs et romains
7) L'art du verrier : des nanotechnologies depuis l'Antiquité !
8) Recette pour un maquillage égyptien (vidéo, 3:00)

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Village de la chimie en Rhône-Alpes 12-15 mars 2015

Du 12 au 15 mars 2015 se tient le mondial des Métiers à Lyon, événement incontournable dans la région pour découvrir les formations et les métiers d’aujourd’hui et de demain, avec 600 métiers présentés, 4 000
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Du 12 au 15 mars 2015 se tient le mondial des Métiers à Lyon, événement incontournable dans la région pour découvrir les formations et les métiers d’aujourd’hui et de demain, avec 600 métiers présentés, 4 000 professionnels présents.

Venez à la rencontre des chimistes pour découvrir leur métier et leur passion.

Jeudi 12, vendredi 13 et dimanche 15 mars 2015 de 9h à 17h - Samedi 14 mars 2015 de 9h à 18h - Eurexpo - Lyon

Au sein du Mondial des métiers de Lyon, le Village de la chimie vous accueille pendant 4 jours et vous propose de découvrir les métiers et les formations de l’industrie chimique. Vous pourrez rencontrer les acteurs de la chimie régionale : représentants d’entreprises et d’écoles, élèves et étudiants… Des intervenants passionnés, tous animés par une volonté commune : partager « leur » chimie et faire découvrir les solutions qu’elle apporte aujourd'hui et les innovations qu'elle développe pour demain.

Parmi les exposants présents, vous pourrez découvrir les entreprises régionales de la filière : Arkema, BASF, Novacap, Séché Environnement, Solvay, Prayon, Bluestar Silicones, Adisseo et les écoles et établissements qui proposent des parcours de formation en chimie pour tous les niveaux (de la 3e au diplôme du supérieur).

Parce que la chimie offre des métiers dans tous les secteurs, le Village de la Chimie Rhône-Alpes s’organise autour de 4 grands pôles métiers :

  • Métiers des Ressources Humaines et Fonctions support
  • Métiers de Laboratoire, Recherche et Développement
  • Métiers de la Production
  • Métiers Qualité, Sécurité, Environnement

Vous pouvez vous inscrire à des témoignages d’ambassadeurs et vous pourrez découvrir les métiers de technicien d’analyse, de spécialiste environnement, de chercheur, de responsable de fabrication. A l’issue des présentations, vous pourrez échanger et poser des questions à ces acteurs de la chimie, salariés des entreprises de l’industrie chimique régionale.

LA CHIMIE DU PAPIER DANS TOUTES SES COULEURS !

Cette année, le Village de la Chimie Rhône-Alpes et le stand Papiers-Cartons proposent une animation commune, sur la fabrication et la coloration de la pâte à papier.

Avec l’école d’ingénieurs ITECH Lyon, sur le Village de la Chimie RA, saisissez toutes les nuances de la coloration, les pigments, la concentration…

Rendez-vous ensuite, avec votre échantillon de pâte à papier, sur le stand Papiers-Cartons où, avec Grenoble INP-Pagora, école d’ingénieurs, vous pourrez découvrir tous les secrets du papier : de la fabrication de la pâte à sa mise en forme finale.


DES DEMONSTRATIONS CONCRETES ET ORIGINALES

Les élèves et étudiants en formation proposent aussi d’autres démonstrations concrètes et originales : la thermographie infrarouge, la colonne à distiller, le Kid’s Lab ou encore la danse de la Maïzena ! Bien d’autres démonstrations et rencontres attendent les visiteurs de ce Mondial des Métiers 2015.


 

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Les vidéos du colloque Chimie et expertise - Santé et environnement sont disponibles

Les conférences du colloque « Chimie et Expertise - Santé et Environnement » qui s'est tenu le 11 février 2015 sont accessibles et gratuitement télédéchargeables sur le site
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Les conférences du colloque « Chimie et Expertise - Santé et Environnement » qui s'est tenu le 11 février 2015 sont accessibles et gratuitement télédéchargeables sur le site http://actions.maisondelachimie.com/nos_colloques_en_videos.html.

Les experts scientifiques universitaires et industriels nationaux y font le point sur la contribution de la chimie aux travaux d’expertises sollicités par les autorités publiques, les entreprises ou les particuliers qui touchent des enjeux de santé humaine ou animale ou des enjeux environnementaux.

La chimie, industrie intervenant en amont de très nombreux secteurs d’activité, doit sans cesse innover mais en tenant compte de l’évolution des exigences de la société en matière de respect de l’environnement et de protection de la santé humaine et animale.

La réglementation européenne connue sous le vocable REACH impose aux acteurs industriels et aux chercheurs fabriquant ou utilisant des substances chimiques un contrôle strict au niveau de leur fabrication, de leur mise sur le marché et de leur utilisation. Ce règlement nouveau est très contraignant et coûteux dans sa mise en œuvre car il limite l’accès à certaines substances, et peut même conduire à l’abandon de certaines d’entres elles.

Cependant, ces contraintes, imposées par REACH dans l’intérêt des consommateurs et citoyens européens qui, nous l’espérons, devraient devenir normes internationales au bénéfice de tous les habitants de notre planète, sont aussi une opportunité pour développer l’innovation.

La conférence plénière d’ouverture aborde largement ces points qui sont illustrés et débattus dans les quatre conférences de la table ronde suivante qui réunit d’une part des industriels de référence en matière de chimie dans trois domaines, pétrochimie, santé et environnement avec d’autre part les experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation de l’Environnement et du travail (ANSES) et de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS).

Les autres conférences sont centrées sur des sujets qui en terme de prévention ou d’intervention des risques sont au centre des préoccupations de la population et au cœur de débats contradictoires et parfois polémiques qui ont lieu sur ces sujets, car la démonstration du zéro défaut et zéro risque de danger est parfois difficile à atteindre d’autant plus qu’elle ne doit pas conduire à un immobilisme qui représenterait un risque bien supérieur.

Des thèmes, aussi controversés que les nano-objets et les gaz et pétroles de roches-mères, également dénommés, à tort, gaz et pétrole de schiste, sont présentés avec toute la rigueur de l’expertise scientifique, indépendante, pluraliste et contradictoire qui s’impose.