Les perturbateurs endocriniens (PE) présents dans notre environnement peuvent induire, par exemple, des cancers hormonaux dépendants, un diabète de type 2 ou une modification du développement de l’enfant, et ce, même à faible dose. Les auteurs font le point sur les PE connus du grand public : parabène, biocide, phtalate, bisphénol A et distilbène.
Source : L’Actualité Chimique n° 421 (septembre 2017) pp. 6-10
Toute une panoplie de méthodes spectroscopiques portatives est maintenant au point pour l’analyse des œuvres d’art in situ : la détection de traces de restauration, l’identification de pigments comme le lapis-lazuli qui bien qu’onéreux a été assez largement utilisé, des liants en peinture en sont quelques exemples. L’intérêt de techniques spectroscopiques comme l’infrarouge, la fluorescence ou le Raman est expliqué au travers d’exemples richement illustrés.
Source : L’Actualité Chimique n° 418-419 (mai 2017) pp. 82-90
La microfluidique est appliquée à la mise au point de microcolonnes à chromatographie en phase gazeuse portatives pour des utilisations dans des domaines allant du dépistage médical aux procédés industriels. L’article aborde la mise au point de phases stationnaires sur puce de silicium : pulvérisation de couche mince dans des microcanaux ou monolithe poreux à base de silice ; l’idéal serait évidemment de pouvoir utiliser l’air comme gaz vecteur.
Source : L’Actualité Chimique n° 418-419 (mai 2017) pp. 59-66
Une enquête à la recherche des principaux constituants chimiques responsables de l’odeur de l’encens menée grâce à la CPV couplée à l’olfactométrie par dilutions successives. Parmi les composés identifiés, on trouve des terpènes, des esters, des cétones mais aussi les fameux acides olibaniques à l’origine de l’odeur de « vieille église ».
Source : L’Actualité Chimique n° 417 (avril 2017) pp. 11-16
Pure découverte scientifique au départ, l’eau oxygénée ou peroxyde d’hydrogène a été un composé aux propriétés que le chimiste Louis-Jacques Thenard (1777-1857) a étudiées de manière systématique en 1818 tout en cherchant des applications possibles. Celles-ci devaient par la suite offrir de multiples débouchés industriels qui restent toujours d’actualité.
La découverte d’un nouveau composé chimique
Chimiste de renom, connu pour ses nombreuses contributions en chimie, Thenard s’est toujours préoccupé de mettre la science au service de l’industrie. Avant sa découverte, il avait été remarqué par la mise au point d’un bleu de cobalt (ou bleu Thenard) en 1803, utilisé dans la peinture à l’huile pour remplacer le lapis-lazuli. Il avait aussi contribué à la conception d’une nouvelle méthode de fabrication de la céruse (carbonate de plomb) et le procédé avait été industrialisé par le chimiste Roard à Clichy. Thenard était aussi connu pour avoir fait des recherches avec son collègue Joseph Gay-Lussac à l’École polytechnique entre 1808 et 1811 sur l’isolement du sodium et du potassium par électrolyse, ainsi que par des études sur plusieurs composés organiques dont ils avaient élucidé la composition. Formé par Vauquelin, Thenard était en effet un excellent analyste. Élu membre de l’Académie des sciences en 1810, Thenard, devint baron en 1825 en reconnaissance pour sa contribution à la préservation contre l’humidité des peintures sur la coupole du Panthéon. Il fut élu en 1832 président de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale.
De la découverte à l’invention
Dans les années 1810, lors de recherches sur les composés dérivés de métaux, Thenard observa qu’un oxyde de baryum en milieu acide donnait lieu à la formation d’une solution aqueuse qui montrait un dégagement gazeux inattendu. Sa curiosité fut satisfaite lorsqu’il constata qu’il s’agissait d’un dégagement de dioxygène de la solution. Et l’analyse de ce liquide révéla qu’il contenait une proportion inhabituelle d’oxygène par rapport à la composition de l’eau ordinaire. D’où le nom d’ « eau oxygénée » qu’il donna à ce nouveau composé. Ses recherches pour identifier et décrire le nouveau composé devaient donner lieu à une série de mémoires présentés à l’Académie des sciences.
Composé de formule H2O2, le peroxyde d'hydrogène, nom actuel de l’eau oxygénée, est un liquide clair, légèrement plus visqueux que l'eau, incolore en solution. Thenard s’intéressa aux puissantes propriétés oxydantes du composé et aux applications possibles.
Des applications multiples
Voulant trouver une première application pratique de l’« eau oxygénée », Thenard et son ami le peintre et chimiste Léonor Mérimée pensèrent qu’un essai pouvait être fait pour enlever des taches brunes sur une gravure ancienne. Au moyen d’un pinceau fin, le produit fut mis au contact avec les taches du papier. Celles-ci étant dues à du sulfure de plomb donc brunes, le traitement les transforma en sulfate de plomb blanc. Le résultat étant positif, c’était le premier succès de l’eau oxygénée dans le blanchiment d’un papier, un procédé qui sera industrialisé par la suite.
Toutefois à cette époque, les applications n’étaient pas encore nombreuses. À part les beaux-arts, c’est la médecine qui a employé le produit comme désinfectant. L’emploi à l’échelle industrielle sera réalisé par la suite au moment où des industries auront besoin d’un composé de blanchiment ou de désinfection en grandes quantités.
Si le procédé de préparation de Thenard a été poursuivi jusqu’au XXe siècle, toutefois le procédé électrolytique a supplanté le procédé chimique original. Le peroxyde d’hydrogène est alors produit par électrolyse de l’acide sulfurique ou de l’hydrogénosulfate d’ammonium avec oxydation anodique, puis hydrolyse de l’acide peroxodisulfurique H2S2O8 ou du peroxodisulfate d’ammonium formé. La distillation permet alors de produire des solutions plus concentrées et plus stables.
Le peroxyde d'hydrogène sert beaucoup pour le blanchiment de la pâte à papier et des textiles. C’est un procédé écologique sans chlore. Il est aussi utilisé pour le traitement des eaux, des sols et des gaz (désulfuration, deNox, etc.) ou comme désinfectant des piscines.
À basse concentration, environ 5%, il sert à décolorer les poils et cheveux, d’où l'expression de« blonde peroxydée », ou, comme fixateur, pour achever une permanente. Il peut servir aussi pour le blanchiment des dents. Désinfectant pour un traitement local il sert au nettoyage des plaies, réputé contre le tétanos et contre indiqué pour les bactéries aérobies (ex : staphylocoque). L'eau oxygénée a été utilisée pendant plusieurs années comme révélateur d'hémoglobine en police scientifique. Cette découverte a été faite par le chimiste allemand Christian Schönbein (1799-1868).
À haute concentration, il peut servir de comburant pour la propulsion de fusées. En se décomposant dans le réacteur il fournit le dioxygène nécessaire à la combustion des combustibles auxquels il est associé. Enfin, le peroxyde d'hydrogène est aussi utilisé lors de la fabrication d'explosifs peroxydés comme le peroxyde d'acétone ou TATP.
Pour en savoir plus :
- Louis-Jacques Thenard: un savant et un acteur de la première industrialisation.
- Produits du jour de la société chimique de France (peroxyde d’hydrogène)
- Découverte du peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée)
- Fabrication industrielle de l’eau oxygénée
Utilisé pour l'alimentation humaine, le beurre, au milieu du XIXe siècle, était rare, donc cher et se conservait mal. Trouver un produit de même valeur nutritive, ne présentant pas ces inconvénients, était nécessaire pour la marine ou les armées. Cette prise de conscience conduisit Napoléon III à lancer un concours, dont le lauréat fut, en 1869, le pharmacien Hippolyte Mège, l’inventeur de la margarine.
L’inventeur et sa démarche inventive
Né à Draguignan le 24 octobre 1817, fils d'instituteur, Hippolyte Mège se forme à la pharmacie par apprentissage, successivement à Draguignan, Aix-en-Provence, puis Paris. Il sera ensuite interne à l'Hôtel-Dieu.
Passionné par la recherche, Hippolyte Mège (qui adjoindra à son nom celui de sa mère : Mouriès) se révèle un inventeur fécond, déposant, à partir de 1840, de nombreux brevets couvrant des inventions dans les domaines de la pharmacie, de l'alimentation, de la diététique et de la chimie. Ses résultats lui vaudront de nombreuses récompenses et distinctions, dont la Légion d'Honneur remise en personne par l'Empereur en 1861. C'est donc un chercheur confirmé qui répond en 1869 au concours « Découvrir un produit propre à remplacer le beurre ordinaire pour la marine et les classes peu aisées ».
Son invention résulte d'une observation fortuite, faite à la ferme expérimentale de Vincennes : le lait de vaches mises à la diète contient toujours des matières grasses. Celles-ci ne peuvent donc provenir que des réserves en graisse de l'animal, qui se trouvent émulsifiées au cours du métabolisme.
En s’inspirant des travaux de Chevreul, Hippolyte Mège travaille sur l'émulsification du suif en milieu aqueux jusqu'à obtenir un produit de point de fusion et de texture (tartinable) proches de ceux du beurre. Il lui donne le nom de « oléo-margarine », d'après le grec « margaron » (perle) et ine du fait de sa couleur nacrée, dépose un brevet le 15 juillet 1869.
Lauréat du concours, Mège poursuit ses travaux sur le développement du produit et son procédé de fabrication, mais ceux-ci sont temporairement interrompus par la Guerre de 1870.
Le développement d'un nouveau produit et de son procédé de fabrication
La commercialisation du produit n'interviendra qu'à partir de 1872, avec pour premier champ d'application celui de la Marine qui souffrait le plus des insuffisances en beurre. Dans l'intervalle, l'inventeur aura amélioré le produit en réalisant l'émulsification du suif dans du lait, et vendu son brevet à Anton Jurgens, négociant de beurre hollandais. Celui-ci s'associera alors à la firme Van den Bergh pour créer la société néerlandaise « Margarines unies » qui finalement, fusionnera en 1930 avec l'entreprise des frères Lever (savonneries) pour fonder le groupe anglo-néerlandais Unilever.
Le procédé de fabrication comporte comme étapes successives : la liquéfaction à chaud d’un corps gras, son émulsification en milieu à base aqueuse, la solidification du produit par refroidissement, son malaxage puis le conditionnement en pains ou barquettes.
Les retombées et l’industrie margarinière
À partir des années 1880, le nombre de margariniers explose. La première margarine de grande diffusion (société Astra) est produite en Normandie à partir de 1910. Le succès remarquable du produit n'empêchera malheureusement pas l’inventeur de terminer sa vie (1880) dans la pauvreté et l'oubli, à un point tel qu'aucun journal ne mentionnera son décès.
La production et la commercialisation de la margarine connaissent ensuite de nombreuses améliorations pour satisfaire les besoins et goûts des consommateurs et les exigences de la diététique et de la santé : utilisation de matières grasses végétales (huiles) en substitution aux matières grasses animales, optimisation des degrés d'hydrogénation pour maîtriser le point de fusion, choix d'huiles à teneur élevée en acides gras insaturés, notamment tournesol (1968), supplémentation en vitamines (1992), en stérols végétaux (2000) pour lutter contre l'hypercholestérolémie, enrichissement en acide gras comportant une insaturation sur le 3ème carbone à partir du groupe méthyle (surnommé « oméga 3 »), ou mise au point de produits allégés.
Tous ces produits, aussi sophistiqués soient-ils, correspondent tous à la définition légale européenne de la margarine : « Produit obtenu par mélange de matière grasse et d'eau, de lait ou de dérivés, se présentant sous la forme d'une émulsion renfermant au moins 80 g de matière grasse par 100 g de produit fini dont au plus 3% d'origine laitière » qui correspond en tous points à l'invention d' Hippolyte Mège-Mouriès.
Pour en savoir plus :
- Hippolyte Mège-Mouriès (1817-1880) : Site de la Société d'histoire de la pharmacie (rechercher Mouries dans le moteur de recherche)
- La margarine, site L’école buissonnière
- La margarine, "blanc de perle", site de la Fédération des Industries des Corps Gras
Vidéo : Réalisation : François Demerliac ; Auteur scientifique : G. Emptoz et G. Kimmerlin ; Production : Fondation de la Maison de la Chimie / Virtuel
Ferdinand Fouqué (1828-1904), géologue minéralogiste, a laissé des carnets qui se trouvent aujourd’hui aux archives de l’Académie des sciences. Il y relate notamment ses démarches auprès des académiciens en vue de les convaincre de soutenir son élection à l’académie. À cette occasion il brosse de plaisants tableaux de ses rencontres. C’est ainsi qu’il dépeint la visite qu’il fit à Eugène Chevreul (1786-1889) âgé, à son laboratoire des Gobelins, « par une journée pluvieuse du mois d’avril ».
« Mes visites à M. Chevreul ont été pleines d’intérêt. […] Après avoir traversé une longue cour bordée de bâtiments en ruine, et ouvert une porte vitrée je pénètre dans une pièce humide encombrée d’ustensiles de chimie en désordre. […] J’avise un petit escalier tortueux et monte au premier étage. Là je trouve un jeune homme qui me fait traverser plusieurs grandes pièces et me conduit vers mon vénérable électeur. Le désordre et l’encombrement ne sont plus moindres au premier étage qu’au rez de chaussée.
Tout est recouvert d’une épaisse couche de poussière. C’est ainsi que devaient être les cuisines au bout de 100 ans dans le palais de la Belle au bois dormant ».
Mais la Belle ne dormait pas.
Fouqué montre au savant des préparations microscopiques de roches : « je dois dire qu’il fut vivement impressionné […] Je dus lui consacrer plusieurs matinées de dimanche. C’était vraiment merveilleux de voir ce vieillard de 95 ans se passionnant pour ces recherches délicates. Quand je voulais clore la séance, il me retenait par le bouton de mon habit et réclamait encore un quart d’heure d’étude. »
Fouqué fut élu le 13 juin 1881 devant Albert Gaudry (1827-1908) professeur de paléontologie au Muséum, qui fut élu, lui, 7 mois plus tard, le 16 janvier 1882. Chevreul, directeur du Muséum de 1864 à 1879, avait eu à se plaindre de Gaudry dans les affaires de l’administration du Muséum. Il était rancunier : « Le plus comique des membres de l’Institut, poursuit Fouqué, était M. Chevreul. Furieux du résultat de l’élection, il flanquait des coups de pied aux fauteuils de l’Institut ; il a dû certainement en démolir quelques-uns. Son front s’était ridé et ses mèches de cheveux blancs semblaient avoir subi le souffle de la tempête. Je le savais mal disposé pour Mr Gaudry, dont il appelait les œuvres des gaudrioles, mais je ne le croyais pas capable d’emportements aussi juvéniles. »
Pour en savoir plus :
Eugène Chevreul (1786-1889), savant placide ?, Jostte Fournier, L’Actualité chimique n° 405 (mars 2016) pp. 40-43
Marietta Blau (1894-1970) soutient une thèse sur l’absorption des rayons gamma, et travaille à l’Institut du radium de Vienne de 1923 à 1938. Elle utilise les méthodes photographiques de détection des particules chargées. Elle vient à Paris en 1933 au laboratoire de Marie Curie. Après l’Anschluss, en 1938, elle doit quitter Vienne pour Oslo puis Mexico et se rend enfin aux États-Unis où elle poursuit ses travaux sur les particules. Elle rentre à Vienne en 1960 et donne des cours au CERN.
Elle est née à Vienne le 29 avril 1894 où son père est avocat à la Cour de justice. Elle poursuit des études à Vienne et entre à l’université en 1914 où elle étudie les mathématiques et la physique. Elle soutient une thèse sur l’absorption des rayons gamma (γ) en mars 1919 et travaille à l’institut de radiologie de l’hôpital central de Vienne.
Les conditions de travail n’étant pas faciles pour les femmes, elle part à Berlin en 1921 afin de travailler dans une usine de tubes à rayons X puis on la retrouve en 1922-1923 comme assistante à l’institut de médecine de l’université Johann Wolfgang Goethe de Francfort sur le Main. Elle présente à la fois la théorie et la pratique de la radiologie et des appareils à rayons X à des médecins.
En 1923, elle revient à Vienne et entre à l’Institut du radium dirigé par Stefan Meyer où elle travaille bénévolement. Elle poursuit les observations faites dès 1925 sur les traces laissées par les protons dans une émulsion photographique et son travail porte essentiellement sur les méthodes photographiques de détection des particules chargées qu’elle réalise avec une de ses étudiantes Hertha Wambacher.
En 1936, elles obtiennent le prix Haitinger décerné par l’Académie autrichienne des sciences pour leur travail sur les neutrons. Pendant l’année universitaire 1932-1933, elle se rend d’abord un semestre à Göttingen auprès du professeur Robert Wichard Pohl où elle travaille sur la physique du cristal, puis à Paris où elle étudie à l’Institut du radium auprès de Marie Curie.
Grâce à Victor Hess, elle expose en 1937 des plaques pendant cinq mois au mont Hafelekar en Autriche, et observe la première trace d’une réaction nucléaire provoquée par les rayons cosmiques. L’explosion du noyau d’un atome soumis au rayonnement cosmique, se traduit par plusieurs traces partant d’un point, qu’elle appelle « étoile ». Ce travail est récompensé par le prix Lieben en 1937.
En 1938, les Allemands pénètrent en Autriche et l’Anschluss est promulgué, Marietta Blau, qui est juive, doit quitter l’Autriche. Lors de son départ de Hambourg, ses appareils ainsi que ses papiers lui sont retirés. Ils n’ont jamais été retrouvés. Elle se rend d’abord à Oslo où elle travaille une année avec Ellen Gleditsch, professeur de chimie à l’université depuis 1929. Ellen Gleditsch était allée à Vienne à l’Institut du radium en 1937 et y avait rencontré Marietta Blau.
Grâce aux recommandations d’Albert Einstein, elle devient professeur à l’université technique de Mexico de 1939 à 1944. Lorsque sa mère meurt en 1944, elle quitte le Mexique et s’installe à New York auprès d’un de ses frères. Elle travaille d’abord dans un laboratoire privé, le Canadian radium et uranium Corporation, puis, en 1948, entre à l’université Columbia à New York., De 1950 à 1955, elle travaille au Brookhaven National Laboratory à Upton (Long Island), avec Seymour Lindenbaum et Robert Rudin, à la mise au point de l’utilisation des plaques photographiques aux mesures des intensités des neutrons lents. Enfin, de 1956 à 1960, elle est professeur à l’université de Miami en Floride.
Sa vue se détériorant elle rentre en Autriche en 1960 car les soins y sont moins chers qu’aux États-Unis. De 1960 à 1964, elle travaille, à nouveau gratuitement, à l’institut du radium à Vienne. En 1960, elle est sollicitée par le CERN pour y assurer un enseignement ainsi qu’à l’université de Berne.
En 1962, l’Académie autrichienne des sciences lui remet le prix Erwin Schrödinger mais ne l’accueille pas en son sein comme membre correspondant.
À la fin de cette année 1969, elle est hospitalisée et meurt quatre mois plus tard, le 27 janvier 1970.
Pour en savoir plus :
- Recherches physiques et chimiques sur la méthode de détection photographique des rayons H, Rev. gén. Sci. pur. app., t. 45 (1934) p 479
- Emploi de la méthode photographique de Chamié aux réactions et à l’électrolyse du polonium, Rev. gén. Sci. pur . app., t. 41 (1930) p 719
- Sur la constante de dissociation du RaA, Rev. gén. Sci.pur. app., t.35 (1924) pp.160
Adolf Lieben (1836-1914), chimiste autrichien, vient à l’école de médecine de Paris où il travaille dans le laboratoire de Charles Adolphe Wurtz (1817-1884) puis se rend en Italie grâce à Stanislao Cannizzaro (1826-1910). À son retour en Autriche, il réalise de nombreuses synthèses organiques comme celles des trihalogénométhanes qui seront utilisées dans l’industrie. Il reçoit la médaille Lavoisier de l’Académie des sciences de Paris en 1905.
Adolf Lieben est un chimiste autrichien, né à Vienne le 3 décembre 1836.
Il commence ses études à Vienne puis part à Heidelberg où il travaille dans le laboratoire de Robert Wilhelm Bunsen (1811-1899), où il obtient son doctorat en 1856. L’Université d’Heidelberg, fondée en 1386 par Robert 1er, électeur palatin et refondée en 1803 par Charles 1er de Bade, est la plus ancienne d’Allemagne
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, Bunsen a contribué à faire de Heidelberg, un centre important pour la chimie. Un brûleur à gaz encore très utilisé de nos jours dans les laboratoires porte son nom, le « bec Bunsen ».
Lieben vient ensuite à Paris où il poursuit sa formation auprès de Charles Adolphe Wurtz (1817-1884) au laboratoire de l’École de médecine de Paris. Wurtz a accueilli de nombreux étrangers dans son laboratoire, son nom, comme celui de soixante et onze savants est inscrit sur la Tour Eiffel (face La Bourdonnais). Lieben conservera un très bon souvenir de cette période puisqu’en 1881, les anciens « élèves » de Wurtz, lors de sa nomination au Sénat, lui offriront une statue de Bernard Palissy (1510-1589) en bronze sculptée par Louis Ernest Barrias (1841-1905) et sur le piedestal duquel figurent cent onze noms dont celui de Lieben.
En 1860, Wurtz et Lieben se rendent au premier congrès scientifique, réunissant des chimistes, qui se déroule à Karlsruhe du 3 au 5 septembre. Lieben y rencontre le chimiste italien Stanislao Cannizzaro (1826-1910).
En 1861 il est Privatdozent à l’université de Vienne. Puis Grâce à Cannizzaro, Lieben obtient le poste de professeur de chimie à l’université de Palerme en 1863 puis à Turin en 1867.
Enfin, il est nommé à l’université de Prague en 1871. Cette université a été fondée le 7 avril 1348, c’est la plus ancienne d’Europe Centrale et aussi la plus ancienne université de langue allemande car à sa fondation, Prague était la capitale du Saint-Empire romain germanique.
Il regagne Vienne en 1875 et jusqu’en 1906, il occupe la chaire de chimie générale et pharmaceutique. En 1922, un buste est placé dans la cour à arcades de l’Université et un autre dans l’institut de chimie de Vienne.
Son travail porte essentiellement sur la chimie organique. Il réalise la synthèse des alcools, des aldéhydes, des acides et des hydrocarbures. Il met au point la réaction haloforme encore appelée réaction de Lieben. Le chlore, le brome, l’iode et le fluor sont classés dans la famille des halogènes d’où le nom de la réaction. Cette réaction chimique permet la synthèse des trihalogénométhanes, tels que le chloroforme, l’iodoforme et le bromoforme. Cette réaction a été utilisée industriellement.
Il est membre de l’Académie des sciences de Vienne. Son père Ignaz (1805-1862) lègue une partie de sa fortune à l’Académie des sciences et de 1863 à 1938, l’Académie décerne un prix récompensant un jeune scientifique en physique, chimie ou biologie. Ce prix est remis tous les trois ans de 1863 à 1900 à un scientifique de l’Empire austro-hongrois qui reçoit une somme de 900 florins. De 1900 à 1938 , le prix devient annuel mais est supprimé après l’Anschluss.
Depuis 2004, grâce au soutien financier d’Alfred Bader (1924- 2018) qui a fui Vienne en 1938 pour le Royaume-Uni, et de sa femme Isabel (1926- ), le prix est, à nouveau, décerné chaque année à un jeune scientifique travaillant dans un des pays de l’ancien Empire austro-hongrois.
Lieben est membre de plusieurs sociétés savantes européennes mais pas de l’Académie des sciences de Paris. De nombreuses notes figurent dans les comptes rendus de l’Académie et la commission composée de Louis Troost (1825-1911), Henri Poincaré (1854-1912), Gaston Darboux (1842-1917) et du rapporteur Marcellin Berthelot (1827-1907) propose, le 18 décembre 1905, d’attribuer la médaille Lavoisier à Lieben. L’Académie suit la conclusion du rapport et décerne la médaille à Lieben.
Il reçoit en même temps la médaille Berthelot car depuis 1902, l’Académie des sciences décerne cette médaille à un chimiste qui a obtenu un prix.
Adolf Lieben meurt à Vienne le 6 juin 1914, il est enterré au cimetière de Döblinger.
Anton von Schrötter (1802-1875) mit au point en 1848 la préparation du phosphore rouge, permettant une fabrication sûre des allumettes. Le prix Montyon de l’Académie des sciences de Paris lui a été décerné en 1857.
Anton von Schrötter, Chevalier de Kristelli, est né à Olmütz en Moravie (actuellement Olomouc en République tchèque) le 26 novembre 1802. Son père est pharmacien et son grand-père maternel a été maire d’Olmütz. Il a bien défendu cette ville durant la guerre de sept ans, c’est pourquoi l’Impératrice Marie-Thérèse l’a fait chevalier.
Après une enfance à Olmütz, Anton part à Vienne en 1822 afin de commencer des études de médecine. Mais, il rencontre Friedrich Mohs (1773-1839), professeur de minéralogie, et sous son influence, abandonne alors la médecine pour entreprendre des études de sciences naturelles. Friedrich Mohs est connu pour son travail sur la dureté des minéraux, pour lesquels il a conçu une échelle de dureté en 1812, encore utilisée de nos jours.
En 1827, Anton von Schrötter devient assistant à l’Université de Vienne et en 1830, il est nommé professeur de physique et de chimie à l’institut technique Joanneum à Graz. En 1838, il prend un congé de six mois afin de visiter des laboratoires universitaires et s’arrête entre autre à Göttingen, Heildelberg et Paris. À son retour à Graz, il crée un laboratoire.
En 1843, il revient à Vienne comme professeur de génie chimique à l’Institut polytechnique, et c’est en 1845 qu’il est enfin nommé à la chaire de chimie générale.
En 1848, il découvre le procédé pour préparer du phosphore rouge ce qui conduira à l’allumette de sûreté. Le phosphore se présente sous plusieurs formes. Dans la nature, le phosphore est blanc, transparent lorsqu’il est pur, luit dans l’obscurité et brûle en donnant de la lumière. Il a été utilisé pour la fabrication des allumettes mais il est très toxique. Les vapeurs inhalées par les ouvriers des fabriques d’allumettes entrainent une nécrose des os de la mâchoire. Des empoisonnements au phosphore ont eu lieu. Anton von Schrötter découvre que le phosphore blanc se transforme en phosphore rouge sous l’influence de la chaleur vers 250°C. Ce phosphore n’est pas toxique et est peu inflammable, c’est pourquoi sa découverte est importante, il n’est pas dangereux pour les ouvriers et ne peut donner lieu à des empoisonnements.
Pour la fabrication des allumettes, des essais sont réalisés en utilisant du phosphore rouge. Le phosphore est mélangé avec du chlorate de potassium puis des améliorations sont apportées, le chlorate est mis sur la tige et le phosphore sur le frottoir.
En 1873, lors de l’exposition universelle de Vienne, l’industrie des allumettes est représentée par l’Autriche, la France et la Suède. En France, c’est la Compagnie générale des allumettes chimiques qui a le monopole. Au début des années 1870, la Compagnie utilise 360 tonnes de phosphore rouge par an et fabrique 70 milliards d’allumettes, elle exporte au Japon, au Guatemala, au Pérou et en Argentine.
En France, dès 1850, Antoine Bussy (1794-1882) teste sur un chien le phosphore rouge et constate qu’il n’a aucune action toxique.
L’Académie des sciences de Paris décerne le prix Montyon le 2 février 1857 à Anton von Schrötter pour sa découverte de l’état isomérique du phosphore rouge. Le prix Montyon est un ensemble de trois prix, l’un de ces prix est décerné par l’Académie des sciences. Ce prix a été créé par Jean-Baptiste Auget de Montyon (1733-1820) entre 1780 et 1787, il a été supprimé par la Révolution et rétabli en 1815. Ce prix est de 2500 francs.
À Vienne, l’Académie des sciences est fondée le 14 mai 1847 par le roi Ferdinand 1er d’Autriche et Anton von Schrötter en est le secrétaire général dès 1851.
L’expédition Novara (1857-1859) est une expédition scientifique à laquelle participe les membres de l’Aca- -démie des sciences de Vienne. La frégate Novara a fait le tour du monde en 551 jours de navigation. Les rapports de ce voyage ont été publiés dans un ouvrage de 21 volumes et traduits en plusieurs langues, les résultats concernent de nombreux domaines scientifiques comme l’océanographie, la botanique ….
En 1873, une autre expédition donne le nom de Franz Josef Land à un archipel situé à l’extrême nord de la Russie et un cap est nommé cap Schrötter. Son nom est aussi associé à la Schrötterhorn de l’Ortlergruppe dans les Alpes.
Il meurt à Vienne le 15 avril 1875 où il est enterré au cimetière central.