En France, de nos jours, des jeunes, des hommes, des femmes se font tatouer. Les tatouages réalisés sont considérés comme des œuvres d’art par la majorité des 18-24 ans. Cette pratique est très ancienne puisque Otzi, retrouvé dans les Alpes en 1991, momifié il y a 5300 ans, porte des traces de tatouage.
Avec les voyages qui commencent à la fin du XIVe siècle, les explorateurs constatent que de nombreux peuples utilisent les tatouages partout dans le monde. Ces tatouages pouvaient servir à marquer le passage d’un état à un autre, à distinguer les différentes classes sociales, à identifier les esclaves, les criminels…
Les tatouages sont aussi une marque religieuse chez les bouddhistes et les hindouistes. À l’inverse, dans les religions juives et musulmanes le tatouage est proscrit et il est plus ou moins toléré de nos jours chez les chrétiens après avoir été tabou. Au XIXe siècle, en Grande-Bretagne, de nombreuses personnes et même des membres de la famille royale se font tatouer.
Les couleurs utilisées doivent être permanentes, indélébiles et surtout non toxiques. Pourtant, les études toxicologiques réalisées sur les mélanges utilisés de nos jours montrent que ce n’est pas le cas. Dans les mélanges, on peut trouver des hydrocarbures aromatiques polycycliques cancérigènes, des amines aromatiques, elles aussi cancérigènes et aussi des métaux comme le chrome, le cobalt, le plomb, le cadmium, le mercure qui peuvent être très toxiques, des ferrocyanures et des ferricyanures qui le sont plus ou moins. Il y a aussi des additifs dont on ne connait pas le métabolisme à court et moyen terme. Peu d’industriels donnent la composition de leurs encres. Or, l'encre est injectée sous la peau entre le derme et l’épiderme et on constate des réactions allergiques et des inflammations chroniques.
En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a, par arrêté, fixé « la liste des substances qui ne peuvent pas entrer dans la composition des produits de tatouage ». Ce sont des pigments métalliques ou organométalliques toxiques, et pour certains cancérigènes, que l’on trouve dans les encres de tatouages de couleur. En Europe, les règlements sont différents d’un pays à un autre.
Il ne faut pas confondre ces produits de tatouage permanent avec le henné, issu de la plante (Lawsonia inermis) qui permet des tatouages temporaires. Par contre le henné synthétique qui est quelquefois utilisé pour des tatouages éphémères est toxique et cause des allergies.
Pour en savoir plus
Être et paraitre : la grande folie du tatouage. Art, science… et chimie, de A. Jacquesy et C. Monneret, L’Actualité chimique, Paris, (déc. 2017), n°424, pp. 9-12
Paul-Emile Lecoq de Boisbaudran (1838-1912) reprend le négoce des spiritueux à Cognac où il est né. Il est passionné par la chimie. À ses frais, il installe un laboratoire, achète du matériel, fait preuve d’une grande habileté manuelle et d’une ingéniosité remarquable.
Il connaît les travaux d’analyse spectrale de Robert Wilhelm Bunsen (1811-1899) et de Gustav Kirchhoff (1824-1887). Comme chaque élément a un spectre caractéristique, il se procure une bobine de Ruhmkorff, des fils de platine et un spectroscope à prisme avec micromètre et réalise les spectres des soixante-deux éléments connus à l’époque.
Dans la blende de zinc, il découvre un nouvel élément le 27 août 1875. Il le nomme gallium en hommage à la France, car en latin, la Gaule se dit Gallia. Il s’est défendu de l’avoir choisi en référence à son propre nom car Lecoq en latin se dit gallus. Il le prépare à l’état pur en électrolysant du chlorure de gallium et étudie ses propriétés. Il vient à Paris présenter ses expériences et les réalise en septembre 1875, dans le laboratoire de Charles Adolphe Wurtz (1817-1884) à l’école de médecine devant des membres de la section de chimie de l’Académie des sciences. Le 6 décembre 1876, un échantillon de gallium est présenté à l’Académie des sciences.
Lecoq de Boisbaudran connaît aussi les travaux de Dimitri Mendeleïev (1834-1907) et en particulier la classification parue en 1869. Dans ce travail, Mendeleïev laisse libre des places prévues pour des éléments inconnus à l’époque. Lecoq de Boisbaudran compare ses résultats expérimentaux aux prévisions de Mendeleïev. Le gallium est bien l’un des éléments envisagés. Ce métal correspond par sa masse atomique et ses propriétés chimiques à l’éka-aluminium Ce résultat confirme la pertinence de la classification de Mendeleïev.
Lecoq de Boisbaudran découvrira aussi en 1880, le samarium et, en 1886, le dysprosium. Les travaux de Lecoq de Boisbaudran en spectroscopie font autorité et il est connu de l’Europe savante bien que n’étant qu’un chimiste amateur.
Spectroscope de Bunsen et Kirchhoff (E. Fremy, Encyclopédie chimique 1882, p. 505), Source BIU Santé
Pour en savoir plus
Mendeleïev (1834-1907) de Chemicus, L’Actualité Chimique, Paris (déc. 1975) n°27, pp. 30-32
De l’analyse spectrale aux spectroscopies : Histoire et applications de C. Genin, BUP, Paris (fév.2006) n°100, pp. 235-246
Le Gallium de M. Lecoq de Boisbaudran et l’ekaaluminium de M. Mendeleef de G. Tissandier, La nature, Paris ( juin 1876) n°176, pp.310-311
Le célèbre écrivain allemand Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) était un amateur de café. Il en buvait beaucoup afin de rester éveillé et a souhaité savoir pourquoi le café avait cette propriété.
Il connaissait un jeune chimiste Friedrich Ferdinand Runge (1794-1867) à qui il demanda d’analyser le café. En 1819, Runge identifie la substance stimulante, l’isole et en détermine les propriétés chimiques. Cette substance est nommée caféine, c’est la 1,3,7-triméthylxanthine.
En France, c’est Pierre Jean Robiquet (1780-1840) qui, en 1821, extrait la caféine. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’Hermann Emil Fischer (1852-1919) détermine la structure de la caféine et réalise la synthèse totale de cette molécule. La caféine est une base faible, sa demi-vie d’élimination est de quatre à six heures chez l’adulte, elle entraine une stimulation mentale pendant plusieurs heures suivie parfois d’insomnie.
Runge isole aussi, en 1834, une substance qu’il appelle kyanol ou cyanol et qu’August Wilhelm von Hofmann (1818-1892) nommera quelques années plus tard aniline. Ce produit aura une importance capitale pour le futur développement de la chimie organique.
Un siècle plus tard, en 1936, Karl Aloys Schenzinger (1886-1962) écrit une biographie sur Runge qui a pour titre Anilin.
Runge a aussi travaillé sur les colorants et a réalisé une des premières chromatographies sur papier.
Caféine (source: wikimedia)
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Caféier ( Nouveau dictionnaire de médecine de chirurgie pratiques, sous la direction du Dr Jaccoud. Tome 5, P. 370, Source BIU Santé) | Robiquet, Pierre (1740-1840). Professeur à l'Ecole de Pharmacie (Source : BIU Santé) |
Pour en savoir plus
Trois siècles d’histoire du café de M.-L. Dufrénoy et J. Dufrénoy, Journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, Paris (1951) n°343-344, pp. 312-318
Contribution à l’étude de l’action physiologique et thérapeutique de la caféine de F. Giraud, Thèse de Doctorat de médecine, Lyon, 1881, 54 p.
Procès verbaux des séances de l’Académie, Académie des sciences, séance du 18 août 1823, Paris, t. 7, p.528
Recherches sur la composition élémentaire et sur quelques propriétés caractéristiques des bases salifiables organiques, de J.-B. Dumas et J. Pelletier, Annales de chimie et de physique, Paris (1823) t. 24, pp. 182-183
Observations sur un mémoire intitulé : monographie chimico-technique de la Garance, etc., par Runge, publié en 1835 dans le Bulletin de la Société d’Encouragement de Berlin de P. Robiquet, Annales de chimie et de physique, Paris (1836) t. 63, pp. 282-296
L'’huile de ricin est un laxatif connu depuis l’Antiquité, mais cette réputation ne doit pas faire oublier que l’huile de ricin est à la base, aujourd’hui, du plus grand tonnage mondial de fabrication d’un polymère biosourcé avec plus de 500 000 tonnes par an ! […]
C'est une découverte révolutionnaire passée inaperçue, une grande avancée en catalyse homogène qui donnera une réaction majeure utilisée en pétrochimie. Tout commence en 1964, avec R.L. Banks et G.C. Bailey, de la Phillips Petroleum, qui transforment du propène en éthène et butène par chauffage en présence d’un catalyseur au molybdène. Mais cette belle découverte restait inexpliquée. […]
Depuis l’Antiquité, les hommes ont cherché à amender la terre pour améliorer le rendement des cultures. Les excréments ont fait partie de ces nombreux agents fertilisants. Ceux des oiseaux marins se sont accumulés aux cours des siècles au point de constituer des gisements très riches en nitrates et composés azotés, connus sous le nom espagnol guano, dans des îles proches du Pérou. Épuisés vers 1870, la relève est venue des nitrates de sodium, présents dans le désert d’Atacama, devenu chilien en 1884, à l’issue de la guerre des nitrates opposant le Pérou, le Chili et la Bolivie. En 1900, 2/3 des besoins mondiaux en nitrates étaient assurés par le Chili. […]
Un certain nombre de personnalités ont déposé une pétition pour demander le non-remboursement des médicaments homéopathiques. L’article rappelle l’histoire de l’homéopathie et son opposition à l’allopathie, avec les précurseurs S. Hahnemann et S. N. Korsakov. La définition des dilutions (notée CH), avec à chacune d’elle une division par 100, montre qu’après plusieurs dilutions le nombre de molécules de l’actif tend vers zéro. D’où la polémique de charlatanisme dont se défendent les homéopathes. Intervient alors pour les millions de patients qui se soignent de cette façon, l’effet placebo, auquel d’après des recherches sur le cerveau certaines populations de malades sont très sensibles.
Source : L’Actualité chimique n° 437 (février2019) pp. 5-6
L’article montre comment en 1914 la chimie en France était faible devant celle de l’Allemagne. Il a fallu les premières attaques, sur le front, de gaz toxiques comme le chlore ou l’ypérite pour que se développe une industrie chimique de guerre qui conduira après l’armistice à un renouveau d’une industrie moderne qui deviendra européenne. À côté de l’industrie, de nombreux chimistes chercheurs et universitaires se distinguent pour la défense de la nation ou le soin aux soldats et aux blessés : Marie et Irène Curie, G. Bertrand, A. Haller, A. Behal … sans être exhaustif. Les entreprises chimiques se sont développées dans la ligne dynamique des années de guerre en réorientant leur production pour le temps de paix comme l’on fait les industries métallurgiques et mécaniques. Ce fut aussi le temps ou devant la saignée de jeunes hommes, l’emploi féminin s’est incontestablement développé.
Un encart développe la plupart des molécules constituants les explosifs les plus courants ou sophistiqués.
Source : L’Actualité chimique n° 434 (novembre 2018) pp. 6-10
Sont d’abord définis les types « d’agrocarburants », le bioéthanol pour l’essence et les esters d’huiles végétales pour le diesel. Devant la concurrence américaine et brésilienne, le procédé français HVO (Hydrotreated Vegetable Oil) appliqué à l’huile de palme est tout à fait performant en qualité de carburant. On passe alors en revue les diverses utilisations des biocarburants qui sont critiquées par la Cour des comptes et une dernière enquête européenne qui montre le peu de gain en terme d’économie de gaz à effet de serre compte tenu du facteur CAS (changement d’affectation des sols). D’autres procédés de transformation de la biomasse cellulosique ou des microalgues sont mis en avant ainsi que la production de molécules biosourcées à plus haute valeur ajoutée pour la chimie plutôt que pour les biocarburants.
Source : L’Actualité chimique n° 433 (octobre 2018) pp. 5-6
L’arrivée du sismomètre sur Mars a relancé l’actualité des explorations de la planète Mars de son sol et de son atmosphère déjà étudiés chimiquement par le rover Curiosity équipé du laboratoire « chemcam ». Son éloignement, sa température, la faible pression de l’atmosphère, son sol riche en oxyde de fer posent des problèmes difficiles à l’accueil de spationautes. L’imagination des entreprises et des chimistes pour les vols spatiaux et les abris des bases futures construites et alimentées en énergie font rêver. Les chercheurs et la NASA envisagent sérieusement de vaincre ces verrous physiques et chimiques d’ici quelques dizaines d’années.
Source : L’Actualité chimique n° 432 (septembre 2018) pp. 4-5