Robert Boyle (1627-1691) est à la fois physicien et chimiste et aussi un habile expérimentateur qui défend la méthode expérimentale. Dans son ouvrage « Expériences sur les couleurs » paru en 1663, Robert Boyle ne s’intéresse pas à la lumière comme Isaac Newton (1642- 1727) mais à la matière colorée. Il réalise de nombreuses expériences avec divers réactifs afin de distinguer les acides et les bases, de reconnaitre les chlorures. C’est le début de l’utilisation des réactifs colorés en chimie.
Robert Boyle est considéré comme le créateur de l’analyse chimique. Il décrit une expérience dans laquelle une solution colorée change de couleur en présence d’un acide ou d’une base. Il indique qu’il utilise une décoction de sirop de violette. Pour réaliser la décoction, il met les pétales de violette dans de l’eau qu’il porte à ébullition puis il laisse macérer avant de filtrer la solution obtenue. Cette solution est d’un bleu violet.
Il met quelques gouttes de ce réactif sur un papier blanc puis il ajoute quelques gouttes d’acide ou de base, il constate un changement de couleur. En présence d’acides le papier devient rouge et vert en présence de bases. Il utilise aussi d’autres solutions colorées comme le suc de bluet, la liqueur de bois de Brésil, la teinture de cochenille. Le suc de bluet rougit avec les acides et verdit avec les bases. La liqueur de bois de Brésil et la teinture de cochenille prennent une teinte plus vive avec les acides et gardent la couleur primitive avec les bases. Ce protocole expérimental de test d’acidité conduira au papier pH.
Le papier pH utilisé de nos jours est un papier imbibé d’un indicateur universel. Lorsqu’on dépose une goutte de solution sur le papier pH, celui-ci prend la teinte du pH de la solution. Les indicateurs colorés utilisés en pH-métrie sont des couples acido-basiques dans lesquels l’acide et la base conjuguée ont des couleurs différentes. Ils permettent de déterminer l’équivalence lors d’un dosage acido-basique.
Avec le nitrate d’argent, il identifie les chlorures. Il se forme un précipité de chlorure d’argent qui noircit à la lumière. Les bromures et les iodures réagissent aussi avec le nitrate d’argent en donnant des précipités jaunes. Ces tests sont toujours utilisés de nos jours.
Plus généralement, les indicateurs colorés sont des couples de deux espèces chimiques de couleur différente. En fonction du milieu, une des formes prédomine et donne sa couleur à la solution. Une des formes peut-être incolore. Il existe des indicateurs colorés redox comme le bleu de méthylène, des indicateurs colorés de complexométrie comme le noir ériochrome T utilisé pour mesurer la dureté de l’eau et des indicateurs de précipitation comme le chromate de potassium.
Le progrès médical. 1933, p9, BIU Santé, licence ouverte
Pour en savoir plus :
Robert Boyle (1627-1691) et la pharmacologie, de Patrice Pinet, Revue d'histoire de la pharmacie, 88ᵉ année, n°328, 2000. pp. 471-484. DOI : https://doi.org/10.3406/pharm.2000.5153
La méthode scientifique de Robert Boyle, de Marie Boas, Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, tome 9, n°2, 1956. pp. 105-125. DOI : https://doi.org/10.3406/rhs.1956.3570
Le XVIIe siècle dans l'histoire de la matière selon Chevreul, de Josette Fournier, Revue d'histoire de la pharmacie, 90ᵉ année, n°333, 2002. pp. 31-52. DOI : https://doi.org/10.3406/pharm.2002.5322
Histoire de la chimie depuis les temps les plus reculés jusqu'à notre époque, par le Dr. Hoëfer, Le Journal des sçavans, Académie des inscriptions et belles-lettres (France), 185, p. 250
Niveau de lecture : pour tous
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