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Mots-clés : radioactivité, Blau, CERN, Einstein

Marietta Blau (1894-1970) soutient une thèse sur l’absorption des rayons gamma, et travaille à l’Institut du radium de Vienne de 1923 à 1938. Elle utilise les méthodes photographiques de détection des particules chargées. Elle vient à Paris en 1933 au laboratoire de Marie Curie. Après l’Anschluss, en 1938, elle doit quitter Vienne pour Oslo puis Mexico et se rend enfin aux États-Unis où elle poursuit ses travaux sur les particules. Elle rentre à Vienne en 1960 et donne des cours au CERN.

Elle est née à Vienne le 29 avril 1894 où son père est avocat à la Cour de justice. Elle poursuit des études à Vienne et entre à l’université en 1914 où elle étudie les mathématiques et la physique. Elle soutient une thèse sur l’absorption des rayons gamma (γ) en mars 1919 et travaille à l’institut de radiologie de l’hôpital central de Vienne.

Les conditions de travail n’étant pas faciles pour les femmes, elle part à Berlin en 1921 afin de travailler dans une usine de tubes à rayons X puis on la retrouve en 1922-1923 comme assistante à l’institut de médecine de l’université Johann Wolfgang Goethe de Francfort sur le Main. Elle présente à la fois la théorie et la pratique de la radiologie et des appareils à rayons X à des médecins.

En 1923, elle revient à Vienne et entre à l’Institut du radium dirigé par Stefan Meyer où elle travaille bénévolement. Elle poursuit les observations faites dès 1925 sur les traces laissées par les protons dans une émulsion photographique et son travail porte essentiellement sur les méthodes photographiques de détection des particules chargées qu’elle réalise avec une de ses étudiantes Hertha Wambacher.

En 1936, elles obtiennent le prix Haitinger décerné par l’Académie autrichienne des sciences pour leur travail sur les neutrons. Pendant l’année universitaire 1932-1933, elle se rend d’abord un semestre à Göttingen auprès du professeur Robert Wichard Pohl où elle travaille sur la physique du cristal, puis à Paris où elle étudie à l’Institut du radium auprès de Marie Curie.

Grâce à Victor Hess, elle expose en 1937 des plaques pendant cinq mois au mont Hafelekar en Autriche, et observe la première trace d’une réaction nucléaire provoquée par les rayons cosmiques. L’explosion du noyau d’un atome soumis au rayonnement cosmique, se traduit par plusieurs traces partant d’un point, qu’elle appelle « étoile ». Ce travail est récompensé par le prix Lieben en 1937.

En 1938, les Allemands pénètrent en Autriche et l’Anschluss est promulgué, Marietta Blau, qui est juive, doit quitter l’Autriche. Lors de son départ de Hambourg, ses appareils ainsi que ses papiers lui sont retirés. Ils n’ont jamais été retrouvés. Elle se rend d’abord à Oslo où elle travaille une année avec Ellen Gleditsch, professeur de chimie à l’université depuis 1929. Ellen Gleditsch était allée à Vienne à l’Institut du radium en 1937 et y avait rencontré Marietta Blau.

Grâce aux recommandations d’Albert Einstein, elle devient professeur à l’université technique de Mexico de 1939 à 1944. Lorsque sa mère meurt en 1944, elle quitte le Mexique et s’installe à New York auprès d’un de ses frères. Elle travaille d’abord dans un laboratoire privé, le Canadian radium et uranium Corporation, puis, en 1948, entre à l’université Columbia à New York., De 1950 à 1955, elle travaille au Brookhaven National Laboratory à Upton (Long Island), avec Seymour Lindenbaum et Robert Rudin, à la mise au point de l’utilisation des plaques photographiques aux mesures des intensités des neutrons lents. Enfin, de 1956 à 1960, elle est professeur à l’université de Miami en Floride.

Sa vue se détériorant elle rentre en Autriche en 1960 car les soins y sont moins chers qu’aux États-Unis. De 1960 à 1964, elle travaille, à nouveau gratuitement, à l’institut du radium à Vienne. En 1960, elle est sollicitée par le CERN pour y assurer un enseignement ainsi qu’à l’université de Berne.

En 1962, l’Académie autrichienne des sciences lui remet le prix Erwin Schrödinger mais ne l’accueille pas en son sein comme membre correspondant.

À la fin de cette année 1969, elle est hospitalisée et meurt quatre mois plus tard, le 27 janvier 1970.
 

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Auteur(s) : Catherine Marchal
Niveau de lecture : pour tous
Nature de la ressource : article