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Le brouhaha médiatique qui entoure aujourd’hui l’agriculture ne doit pas masquer que, dans l’état actuel des techniques de protection des plantes, 25 à 50% des récoltes sont perdues en moyenne dans le monde du fait des maladies, des animaux ravageurs ou des adventices. Dans les pays développés, toutes les formes d’agriculture s’efforcent donc de minimiser ces pertes par des moyens variés.

Pour cela, les agriculteurs utilisent tout d’abord des mesures agronomiques (ex : rotations, dates de semis...) puis font appel à des moyens d’intervention directe lorsque les mesures précédentes n’ont pas été suffisantes pour prévenir les pertes économiques. Ces moyens sont de type mécanique (labour, sarclage...), biologique (bactéries, auxiliaires...) ou chimique (herbicides, fongicides...). Ils sont employés en fonction de leur disponibilité et de leur efficacité. Or, il est courant de les voir opposés dans les médias, les cahiers des charges, voire dans les textes réglementaires selon des critères discutables et discutés.

Le Code Rural (art. L-253-6) reconnait quatre catégories de solutions de biocontrôle : les macroorganismes, les microorganismes, les médiateurs chimiques et les substances naturelles d’origine végétale, animale ou minérale. Sur le plan national ou international, il existe d’autres définitions du biocontrôle pouvant exclure les substances minérales ou inclure les variétés résistantes (voire PGM), les substances élicitrices ou la lutte autocide.

Les atouts du biocontrôle dépendent de la nature des moyens utilisés. Bon nombre possèdent des impacts environnementaux modérés, bénéficient d’investissements croissants et d’une opinion publique porteuse mais peu rationnelle. Cette dynamique est contrebalancée par la prudence des utilisateurs qui demandent des preuves de la valeur de ces solutions, s’interrogent sur leur coût ou les surcoûts correspondants et expriment leurs attentes en matière de formation et de conseil.

En dépit de sa croissance, le biocontrôle ne propose encore qu’une petite partie des réponses au parasitisme. Sur la plupart des cultures en plein air et sauf à accepter de forts écarts de rendement, il ne peut répondre à l’ensemble des besoins. La plupart de ses solutions visent des ravageurs et les propositions pour le désherbage sont très rares. Mises ensemble, les solutions de biocontrôle des quatre groupes majeurs représentent environ 6% du marché mondial en valeur.

Afin de protéger les cultures par des moyens efficaces et économiques en évitant les positions idéologiques, il conviendrait d’évaluer l’ensemble des solutions existantes avec les mêmes critères agronomiques, toxicologiques et environnementaux pour en cerner objectivement les avantages et les limites. Pour l’heure, nous devons assurer une cohabitation harmonieuse entre des solutions de biocontrôle en nombre croissant et celles issues d’une chimie de synthèse qui s’est largement renouvelée depuis vingt ans. C’est l’objectif de la protection intégrée des cultures dont la mise en œuvre s’étend avec régularité à défaut d’être partout le socle des pratiques agricoles.

 

Vidéo de la conférence (durée : 38:38)
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Auteur(s) : Jean-Louis BERNARD, Académie d’agriculture de France
Source : Colloque Chimie et Agriculture durable, un partenariat en constante évolution scientifique, 10 novembre 2021
Niveau de lecture : pour tous
Nature de la ressource : article + conférence