Le sucre, le botox et le scatol… les exemples sont nombreux.
« La voie du milieu est celle de l’illumination », disait la philosophie bouddhiste, alors que la civilisation hellénique enseignait que « l’excellence est dans la mesure ».
Le taux normal de glycémie (sucre dans le sang, glyco=sucré et hème=sang), est situé entre 0,7 et 1,1 g/L, c'est-à-dire que la juste mesure du glucose circulant acceptable pour l’organisme d’un homme de 70 kilogrammes est l’équivalent d’environ un petit « carré » de sucre. Au-dessus c’est l’hyperglycémie et au-dessous c’est l’hypoglycémie. Dans les deux cas de figure, il s’agit de pathologies à surveiller de très près car leur évolution peut compromettre le pronostic vital d’un individu.
Le glucose (1), molécule simple, principal constituant du sucre alimentaire et de l’amidon chez les plantes ou du glycogène chez les animaux, appartient à la famille des glucides (carbohydrates) et sert de carburant primaire pour nos muscles et organes. C’est par exemple la nourriture quasi-exclusive du cerveau, ce qui dans le cas des hypoglycémies simples conduit à des malaises, des étourdissements voire des évanouissements.
En revanche son excès conduit à des pathologies de diabète qu’il faut savoir gérer au quotidien en fonction des cas. Les artères en commençant par les artérioles sont la cible privilégiée du glucose en excès qui souvent, en cas de non surveillance, conduit à une insuffisance rénale, et puis entre autres et progressivement, à des atteintes du cœur et du cerveau.
Dans le monde développé le diabète est la quatrième cause de décès chez l’homme.
Il s’agit d’une toxine botulique secrétée par une bactérie appelée Clostidrium botulinum. Un millième de gramme (1mg) suffit pour tuer plus de 30 millions de souris, soit 1mg de toxine pour 600 tonnes de souris !
Cette toxine présente une neurotoxicité conduisant à la paralysie des muscles.
Il y a plusieurs types de toxines botuliques avec un effet plus ou moins toxique, mais il s’agit dans tous les cas d’une protéine possédant une action catalytique de type protéolytique (c’est-à-dire qu’elle coupe les protéines en morceaux). Du fait de ce mécanisme moléculaire, elle inhibe l’action d’un neuromédiateur (l’acétylcholine) en charge de tonifier les muscles. C’est grâce à cette propriété que des industriels ont osé (!) décider de l’utiliser par voie locale et à des concentrations infimes pour corriger les rides dites d’expression comme par exemple les fibres externes du muscle orbiculaire (rides dites de la patte d’oie).
Son utilisation pour des pathologies telles que le strabisme ou la transpiration excessive a aussi démontré son intérêt.
Le scatol (2) est une molécule d’indole légèrement modifiée par la présence d’un groupement méthyle supplémentaire sur la position 3.
Ses propriétés odorantes changent radicalement avec la concentration. À des concentrations élevées le scatol est responsable de l’odeur des matières fécales (d’où le nom de scatol dérivant du grec «scata », d’où le mot en français de scatologie) alors qu’à de faibles concentrations il est utilisé en parfumerie pour sa fragrance florale proche du jasmin et de la fleur d’oranger mais aussi pour son pouvoir contrastant et fixateur.
Il en est ainsi de nombreuses substances, naturelles ou de synthèse, qui ont des propriétés différentes selon la concentration. Elles peuvent également avoir plusieurs propriétés simultanément. C’est en particulier le cas des médicaments dont la propriété recherchée s’accompagne parfois d’effets secondaires pas toujours souhaitables, ce qui amène à la recherche du meilleur rapport bénéfice/risque lors d’une prescription qui tient compte de la dose et de la durée du traitement.
Alors comme disait Pascal, « la façon de donner la rose vaut autant que la rose… »
Constantin Agouridas et l’équipe Question du mois
(1) le glucose de formule brute C6H12O6 a pour formule semi-développée :
2) Le scatol ou scatole a pour formule :
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